Voleurs de temps : le débat
Intervenants :
– Vanessa Cazaux coach de vie
– Larry Martin, socioloque
Compte rendu (incomplet, imparfait ! ) des échanges
Christian
rappelle les règles
des prises de parole
Rosa : Quels sont vos voleurs de temps ?
Dom : le 1er voleur de temps : c’est le travail ; avec l’évolution de la productivité on m’avait promis de travailler 4h par semaine quand j’étais au lycée…. qui en a bénéficié ? bien entendu le capital
Mich : Ce qui m’a frappé :
ces travailleurs japonais qui reviennent la nuit pour finir le
travail et « plus
ils travaillent moins ils sont productifs »
dit le patron !
C’est bien ça le burn out c’est
ne plus agir efficacement ; Il faut travailler moins et mieux.
Mon voleur de temps c’est facebook et compagnie.
Mon
travail horaire étant bien rémunéré je travaille peu donc il ne
me vole pas mon temps.
Did : Même à la retraite on
peut avoir un problème avec le temps.
Dans la 1ère
réforme de retraites on a dit qu’il fallait travailler plus
longtemps parce que la population a vieilli. Mais les calculs
officiels de productivité de l’époque montraient que c’était
faux.
Moi retraité je ne supporte pas de rester à ne rien
faire. Je regarde ma montre 15 fois par jour ; ne pas être
actif ? c’est un sentiment de panique. Je suis sans doute
formaté.
Y1 Moi aussi je suis à la retraite
et je suis toujours pressée pour réaliser des rêves que j’ai
faits.
J’ai peur de rester à rien faire, que ce soit le
début de la fin ! … De n’avoir plus envie de rien, ni
bouger, ni travailler…
Alex : je trouve le documentaire intéressant ; mais il ne prend en compte qu’une partie de la notion de travail. Bien sur il faut travailler pour gagner de l’argent et subvenir à ses besoins primaires ; mais si on a un travail qui a du sens pour nous on n’a pas l’impression de « perdre son temps »
Y2 Il y a un coté effrayant dans
ce documentaire : le temps nous bouffe ; d’un côté, on
court après le temps, on a le temps de rien faire, on est tous dans
cette spirale de rapidité, tout doit aller très vite.
On ne
supporte plus d’attendre. Si on pose une question il faut avoir la
réponse tout de suite.
C’était différent autrefois,
le temps nous ronge : ce n’est pas anodin qu’il y ait des
coach de vie, le yoga, le massage, ce qui apporte de la zénitude
dans la vie des gens. Mais la politique ne s’en occupe pas ;
même pas de temps pour aller aux toilettes dans certains postes de
travail !
Vanessa : le coach va permettre aux gens de se réapproprier leur temps pour retrouver un équilibre personnel, et utiliser leur énergie dans une activité qui leur convient vraiment
Il va aider à ne pas subir un conditionnement de vie, un conditionnement qu’on a eu enfant, et qui ne correspond plus au rythme de vie actuel. Il faut du temps utile pour nous mêmes et non pas seulement selon des critères sociaux.
Larry : dans les années 80
Servan Schreiber disait que la globalisation est venue quand les
marchés boursiers se sont accaparés de l’outil informatique.
On
s’est mis à courir sans savoir pourquoi. Quelle place laisser à
l’ennui, qui a sa fonction créatrice ?
L’ennui paraît
dévalorisant parce qu’il faut du mouvement, « on existe
quand on bouge », il faut du « move » comme disent
les jeunes.
Un gamin s’ennuie ? Donnez lui une
tablette, elle fera le travail d’accompagnement, la vie
s’achète…
Céc : j’ai trouvé
intéressant le coté historique du documentaire, l’apparition des
fuseaux horaires, la notion de temps par rapport au travail.
Les
parents de Matisse, dans le film, disent que le temps leur est devenu
« compté » ;il l’est aussi par rapport à la
planète ; comment la génration qui vientva t elle se poser
face à ce temps qui leur reste..
Chr : la gestion du temps c’est
aussi une prise de pouvoir ; c’est montré dans le film qui
met ensuite le temps en rapport avec la consommation, et la
rentabilité.
Mais il ne dit pas qu’on a besoin de temps pour
réfléchir, pour se retrouver ; et c’est fondamental !
Une
stratégie développée de + en + par les administrations :
occuper le personnel à faire un tas de choses inutiles,pour empêcher
de se réunir et de réfléchir à leur métier
Dom : Et le plaisir ? On
oublie le facteur plaisir…
Par ailleurs, il faut tenir compte
de notre finitude ; on est programmé aussi pour finir et on
cherche à repousser la mort par divers moyens.
Larry il y a diverses façons de voir le temps :
Incertitude :
– Psy, coach, esthéticien, masseur : ils sont là aussi pour effacer le temps ; parce que les gens ont besoin de se donner rendez vous à eux mêmes et ils le font dans ces espaces là
– On presse un enfant de choisir
une glace alors qu’il ne sait pas le gout des glaces ..De même
pour les choix d’études, de métier, de carrière..
La
difficulté à se positionner nourrit une inquiétude, qui peut
amener à fumer boire lire les horoscopes
Notre finitude
c’est le
symbole de la mort à la périphérie de la vie : dès lors on
voudrait arrêter le temps
C’est le syndrome du temps à
rebours
Chr Dejour a étudié le suicide dans une boite de communication ; on y a organisé d’abord le reporting annuel puis trimestriel puis mensuel puis quotidien.
Alors se perd le sens à la tache,
au plaisir.
On a peur que l’autre soit plus performant que
nous.
D’où une ambiance de suspicion, on arrive à
cautionner cet étranger à l’intérieur de soi
Mais en
partant si quelqu’un dans la rue vous heurte, c’est lui qui va
prendre.
Tout ce mal être, problèmes de santé inclus,
est lié au temps.
Mic oui je voudrais insister sur
« on a besoin de
temps pour la démocratie »
40h par semaine c’est un rythme stressant des ouvriers ou des
employés, un rythme effroyable pour conditionner les colis :
comme le montre un documentaire sur Amazon
On n’a plus de
temps pour s’engager en associations et remédier en partie aux
dysfonctionnements de notre société
Lau cette notion du temps est très
culturelle, elle renvoie à notre société occidentale
C’est
différent chez les kanak. On parle du temps kanak ..
Ainsi les
temps d’attente sont des moments de communication un peu
informelle, pour faire avancer les choses de manière plus sereine :
il faudrait introduire un peu de temps kanak dans notre vie
Ch : Proverbe kanak « vous les blancs, vous avez l’heure ; nous, on a le temps »
Gen : Il y a une angoisse
devant le temps à remplir sans pouvoir le gérer ou le combler
Le
sort des prisonniers, c’est terrible !
Ch : et si c’était parce qu’on travaillait moins qu’on a augmenté notre temps de vie ?
X « Casse pas la tete » ; il faut donner du temps au temps
Dom : je vous recommande le film « Time out » où l’argent est remplacé par le temps…
Vanessa : Un autre voleur de
temps, de l’intérieur, c’est la charge mentale.
On va
planifier pour satisfaire ce besoin excessif d’efficacité dans
tous les domaines de vie : performante comme maman comme au
travail.
Cela touche beaucoup de personnes et il faut
apprendre à le gérer.
Ce qui importe ce n’est pas de « tout
bien faire » c’est la qualité du temps qu’on peut passer
avec famille, amis. Redéfinir les priorités.
Il faut se poser
cette question identitaire : Qui je veux être en ce monde ?
Y : autrefois le temps
s’écoulait lentement : on savait attendre. Aujourd’hui,
avec voiture, téléphone, internet, on a peut faire des tas de
choses .
La difficulté vient de choisir, « choisir
c’est mourir un peu »
il me semble que si j’avais à
gérer mon temps il faudrait que j’apprenne à renoncer
X : Pourquoi vouloir à tout
prix rentabiliser le temps ?
Le luxe c’est de perdre du
temps ; le temps perdu n’est jamais perdu ;
C’est
formidable, la jouissance de la vie ! (clap clap)
Chr : le temps perdu c’est la re création, vrai pour les adultes comme pour les enfants.
Did : Existe t
il à Nouméa des stages
collectifs de gestion du temps ? (non)
s’il y en a, je
m’inscris tout de suite (rires)
Larry : Le temps a le pouvoir
qu’on veut bien lui donner.
‘le quart d’heure
toulousain » que j’ai connu, étudiant, à Toulouse…
On
parle trop du temps en technicien, mais… Où
est le poète ?
Le débat collectif est
clos, avec l’espoir qu’il se poursuive à l’intérieur de
chacunE
Compte rendu de Colette et Didier
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !