Une histoire vraie : la 3ème Vague

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Le professeur d’histoire
Ron Jones a réellement existé et l’expérience qu’il a pratiquée a concrètement
eu les effets mis en scène dans le film. Inspiré du fait réel,
La vague est également un roman de
Todd Strasser et un classique de la littérature de jeunesse, au programme de
nombreuses écoles allemandes depuis vingt ans. L’adaptation de Dennis Gansel a
de même connu un très grand succès outre-rhin.
– La Vague (Die Welle) est un film allemand
réalisé par Dennis Gansel en 2008
et librement inspiré de « La 3ème Vague », étude expérimentale d’un régime
autocratique
, menée par le professeur d’histoire Ron Jones avec des
élèves de 1ère du lycée Cubberley à Palo Alto
(Californie)
en  avril 1967.

Ron Jones (né en 1941) était un professeur
d’histoire de Palo Alto,
en Californie,
aux États-Unis.
Expérience sociologique
Devant l’incrédulité
de ses élèves de classe d’Histoire Contemporaine du Cubberley High School
(lycée) à comprendre l’asservissement de la population allemande devant les
horreurs des nazis,
il décida d’en faire la preuve par la pratique et réalisa la Troisième Vague, expérience sur le
fonctionnement de la dictature et la manipulation
des foules. Durant la première semaine d’avril 1967, il décida d’instaurer des
règles de discipline basées sur la communauté et de l’esprit de groupe. Il
convainquit ses élèves de l’importance d’éliminer la démocratie
en ce qu’elle peut stimuler les actes individuels. L’individualisme
est une tare de l’esprit démocratique qui va à l’encontre de l’intérêt général résumé dans ces mots :
« La Force grâce à la discipline, la Force grâce à la communauté, la Force
grâce à l’action, la Force grâce à l’esprit de fierté ». L’expérience
prenant des ampleurs inattendues a été arrêtée au bout de cinq jours. (En une
semaine, cette expérience inédite sur le fonctionnement d’une dictature comme
celle du troisième Reich connaît un succès inégalé et le nombre d’étudiants
atteint 200.)
La troisième vague
La troisième
vague
est une étude expérimentale du fascisme
menée par le professeur d’histoire Ron Jones avec des élèves de première du
lycée Cubberley à Palo Alto (Californie)
pendant la première semaine d’avril 1967, dans le cadre d’un cours sur l’Allemagne
nazie
. N’arrivant pas à expliquer à ses élèves comment les citoyens
allemands avaient pu laisser sans réagir le parti nazi
procéder au génocide de populations entières, Ron Jones décida d’organiser
une mise en situation. Il fonda un mouvement nommé « la troisième
vague », dont l’idéologie vantait les mérites de la discipline et de
l’esprit de corps, et qui visait à la destruction de la démocratie,
considérée comme un mauvais régime en raison de l’accent qu’elle place sur
l’individu plutôt que sur la communauté. L’expérience de la troisième vague a
inspiré le livre puis le film La Vague
(2008).
Chronologie de l’expérience d’après Ron Jones
Lundi
Jones donne
une allocution sur la discipline : comment elle est nécessaire aux
athlètes, aux artistes, aux scientifiques, et comment, par la maîtrise de soi,
elle assure la réussite des projets. Il passe ensuite aux travaux pratiques et
indique une position assise susceptible de faciliter la concentration et la
volonté : pieds à plat sur le sol, dos droit, mains croisées derrière le
dos. Il exige des élèves qu’ils adoptent cette position et vérifie qu’ils
obéissent. Il leur apprend ensuite à entrer et à sortir de classe, dans le
silence et la rapidité. Il donne aussi des instructions pour répondre aux
questions : désormais, les élèves doivent se lever, commencer leur réponse
par « Monsieur Jones » et répondre en quelques mots seulement. Une
série de questions réponses très intense conclut la séance. Les élèves se
sentent stimulés et motivés.
Mardi
Devant une
classe en « position d’attention » Jones inscrit au tableau la devise
du mouvement : « La force par la discipline, la force par la
communauté ». Il analyse l’idée de communauté
qu’il définit comme le lien unissant différentes personnes tournées vers un but
commun. Il exalte la valeur de la communauté en montrant qu’elle est cette
réalité au-delà de l’individu dans laquelle il s’accomplit en s’y intégrant. Ron Jones ordonne ensuite aux élèves de
réciter la devise du mouvement, d’abord l’un après l’autre, puis par groupes de
deux ou trois, puis toute la classe ensemble. La coordination atteinte permet
aux élèves de constater la réalité de la communauté, et de s’y sentir
pleinement intégrés, à égalité avec les autres. À la fin de l’heure, Jones
enseigne un salut
consistant à amener la main droite à hauteur de l’épaule droite, les doigts
arrondis en forme de coupe. Il s’agit d’un salut utilisé par les nazis, ce que
les élèves ignoraient. Il décide de nommer le mouvement « la troisième
vague », expliquant aux élèves que c’est à la fois parce que la main lors
du salut ressemble à une vague sur le point de déferler, et parce que,
conformément à une croyance populaire, les vagues de l’océan avanceraient par
groupes de trois, la troisième étant la plus forte. Il omet de mentionner aux
élèves la référence la plus importante, qui est bien sûr la référence au Troisième
Reich
.
Mercredi
Ron Jones constate que treize élèves
d’autres classes viennent assister à son cours. Il distribue des cartes de
membre aux élèves participant au mouvement.
Parmi les cartes de membre, trois, distribuées aléatoirement, sont marquées
d’un « X » rouge. Les membres porteurs de ces cartes se voient
confier la mission de dénoncer les membres qui ne respecteraient pas les
règles. Ron Jones donne une allocution sur l’action, entendue comme but vers
lequel tendent la discipline et la communauté, et sans lequel elles perdent
tout leur sens. À la surprise du professeur, plusieurs élèves lui expriment leur
satisfaction et leur joie de participer à la « troisième vague ». Les
élèves montrent de meilleures dispositions pour apprendre et participer en
classe. L’égalité instaurée entre eux incite les élèves les moins sûrs d’eux à
prendre la parole et à gagner en assurance. Les réponses aux questions se font
cependant beaucoup plus laconiques, et les élèves semblent perdre leurs
aptitudes à argumenter et à nuancer. Ron Jones dirige la classe vers l’action
pure : il donne l’ordre de dessiner une bannière pour la « troisième
vague », d’apprendre par cœur le nom et l’adresse de tous les membres et
de recruter de nouveaux membres. Plus tard dans la journée, Ron Jones constate
que la « troisième vague » prend des proportions inquiétantes. La
moitié des membres en dénoncent d’autres, même si seuls trois élèves ont été
spécialement désignés pour cette tâche. De nombreux élèves prennent la
« troisième vague » très au sérieux et menacent ceux qui tournent le
mouvement en dérision. Ron Jones constate aussi que, alors que les élèves les
plus médiocres participent de plus en plus et s’investissent beaucoup dans le
mouvement (l’un des élèves décide même de devenir le « garde du corps
personnel » du professeur, qui se laisse faire), les élèves les plus doués
supportent mal l’égalitarisme forcené du cours.
Jeudi
Arrivé tôt
au lycée, Ron Jones découvre sa classe dévastée. Un
des parents d’élèves, vétéran de la Seconde Guerre mondiale et ancien
prisonnier de guerre, a pénétré dans l’établissement et commis des dégradations
sur le matériel. L’expérience perturbe la vie du lycée de manière
manifeste : des élèves sèchent leurs cours pour venir assister aux leçons
de Ron Jones (quatre-vingts élèves serrés comme des sardines, au lieu des
trente habituels), et une « police
secrète
 » s’organise sur la délation
et la peur. Inquiet de l’ampleur et de la tournure que prennent les événements,
sentant l’expérience lui échapper, incertain de ses propres motivations pour
poursuivre, Ron Jones décide d’en finir. Après une allocution sur la fierté,
il annonce que la « troisième vague » n’est pas seulement une mise en
situation au sein du lycée, mais bel et bien un projet d’ampleur
nationale destiné à modifier en profondeur la vie sociale des États-Unis.
Il prétend que d’autres enseignants ont, comme lui, fondé des « troisièmes
vagues » partout dans le pays et que, le lendemain, à midi exactement, le leader national
du mouvement s’adressera aux jeunesses de la « troisième vague ». Il
s’appuie sur la volonté des membres pour organiser en vingt-quatre heures une
réunion exemplaire.
Vendredi
Ron Jones consacre le début de la matinée
à préparer la salle de conférence du lycée. Les élèves commencent à arriver dès
11 h 30. Deux cents étudiants assistent à la réunion. Certains ont
apporté des bannières. Des amis de Ron Jones, déguisés en reporters et en
journalistes, prennent des notes et photographient les participants. À midi,
les portes sont closes et des gardes postés de faction. Ron Jones montre à ses
amis l’obéissance aveugle des jeunes présents : il les fait saluer et leur
fait réciter la devise du mouvement. À midi cinq, Ron Jones
fait éteindre les lumières et allumer des écrans de télévision, annonçant le
discours du leader national. Après quelques minutes de silence attentif devant
les postes ne montrant que de la « neige », les élèves finissent par
s’apercevoir de la supercherie. Coupant court à leur stupeur, Ron Jones procède
à un débriefing :
il explique comment il les a manipulés et dans quelle mesure ils se sont
laissés manipuler. Il leur fait visionner un film montrant des images
d’archives du Troisième Reich. Répondant aux questions des
élèves, il leur montre à quel point il est facile de verser dans le totalitarisme.
Il leur explique aussi combien être dupe de ficelles aussi grossières est
honteux, et répond à la question originelle : les Allemands ont nié avoir
eu connaissance de l’extermination des Juifs, des Tziganes, des
homosexuels, etc., de la même manière que les élèves de Cubberley nieront
avoir participé à la réunion. Il clôt l’expérience.
Le journal
de l’école, le Cubberley Catamount, consacre à l’expérience une brève
extrêmement courte (numéro du 7 avril 1967[]) et un article de fond, pourtant
assez peu détaillé (numéro du 21 avril 1967[]). Ces deux textes constituent les
seules sources contemporaines de l’expérience. La « troisième vague »
est citée une dernière fois dans un numéro du Cubberley Catamount de
décembre 1967[].
Réactions et suites de l’expérience
Le malaise
qui prédominait à la fin du dernier cours (un élève interviewé par le Cubberley
Catamount
admet se sentir « stupide »), ainsi que la peur (Ron
Jones décrit la « troisième vague » comme « l’un des événements
les plus effrayants que j’aie jamais vécus dans une salle de classe ») a
conduit à conserver une grande pudeur sur l’expérience. Le Cubberley
Catamount
rapporte cependant que Jones a réitéré une expérience
« ressemblant au mouvement fasciste « Troisième Vague » »
de l’année précédente, destinée cette fois selon Jones à simuler « une
situation similaire à celle de la Chine des années 1900 », et restreinte à
une journée.
Le
professeur  écrivit ses souvenirs en 1972, sous le titre The
Third Wave
, et les publia au printemps 1976, sous le titre Take
As Directed
, dans un magazine alternatif, The CoEvolution Quarterly[].

Des psychologues
s’intéressèrent alors à l’expérience menée par Ron Jones, notamment en matière
de malléabilité d’esprit chez les adolescents.
Notamment  Philip
Zimbardo
, professeur à l’Université Stanford, et initiateur d’une expérience de psychologie dite « de
Stanford »

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